mercredi 25 mai 2011

Dans le Ventre de la Baleine



Avalé par la baleine, Jonas passa trois jours à prier. Il fut régurgité sur la
plage. Histoire étrange d'un homme qui sort d'un ventre pour la deuxième fois. Pour
accompagner un poème de Vincente Aleixandre, extrait du recueil "La destruccion o
el Amor" dans une belle traduction de Jacques Ancet.


La Nuit

Fraîche rumeur éteinte ou ombre, le jour me rencontre.

Oui, comme une mort, comme un soupir peut-être,
comme un seul cœur, peut-être, avec des bords,
comme limite, peut-être, d'une poitrine qui respire;
comme une eau qui doucement encercle une forme
et convertit ce corps en étoile dans l'eau.

Comme le voyage, peut-être, de qui se sent emporté
vers l'ultime estuaire où nul ne se connaît,
où les dents sont seules à faire le froid sourire,
d'autant plus douloureux que les mains restent tièdes.

Oui. Je vis comme un être, car telle est la vie,
arrivant dans le vent, dans l'élan généreux
qui consiste à s'étendre sur la terre et attendre
attendre que la vie sot une fraîche rose.

Oui, ainsi que la mort qui renaît dans le vent.

Vie, vie battante qui en forme de brise,
en forme d'ouragan s'échappant d'une haleine,
berce les feuilles, le bonheur, la couleur des pétales,
la fraîche fleur sensible qu'est devenu quelqu'un.

Comme jeune silence, comme vert ou laurier;
comme l'ombre d'un beau tigre jaillit de la forêt;
comme le plan d'eau qui retient, joyeux les rayons du soleil;
comme la bulle vive qu'un poisson doré inscrit sur le bleu du ciel.
Comme l'impossible branche où l'hirondelle ne suspend pas son vol...

Le jour me rencontre.


(travail terminé ce jour)

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